lundi 10 septembre 2012

Considérations sur l'école (plaidoyer pour l'IEF ??)

Qu'elles sont longues, les heures qui passent où je continue d'entendre en écho dans ma tête les pleurs de mon enfant déposé dans sa classe...

Maternelle, petite section. Première plongée dans l'école. Socialisation de masse. Découverte de la (grande) collectivité. A l'image d'un rituel de passage moyenâgeux, l'entrée à l'école semble devoir être synonyme de souffrance et de stress. Traverse cette douleur, et tu seras un homme, mon fils.

Bref, vous l'aurez compris, la séparation est difficile.
Pour lui.
Pour moi.

Et moi, je ne suis pas persuadée que ce "passage obligé" en soit réellement un.

Mon fils, comme, je pense, tous les enfants de son âge, est un petit garçon plein de vie qui se passionne pour des milliers de choses. Il aime compter, regarder des livres, peindre, faire des activités manuelles, se promener, bouger, faire du toboggan, qu'on lui raconte des histoires, faire des choses par lui-même, être libre de ses mouvements... Mais il aime par dessus tout se sentir en sécurité, et jusque là, la sécurité, elle est incarnée par ses parents. Du jour au lendemain, on la remet à une tierce personne, totalement inconnue, dans un environnement étranger... Est-ce que quelqu'un s'est déjà posé la question du stress énorme, de l'angoisse profonde que cela pouvait générer chez un enfant ?? Moi, oui, malheureusement. Car si je ne posais pas cette question, je dormirais tranquillement la nuit et je quitterais la classe de mon fils sans sourciller...

Bien entendu, certains enfants auront déjà connu cette séparation en amont (lors de l'entrée en crèche par exemple) et le passage à l'école en sera rendu plus ou moins facilité. Mais considérant la proportion d'enfants en détresse dans la classe d'Elliott le matin, je ne suis pas convaincue que la méthode soit efficace (n'allez pas me faire croire qu'ils sont tous soient restés "dans les jupes de leurs mères" pendant trois ans...).

Alors, je m'interroge : est-ce que 3 ans, c'est vraiment "le bon âge" pour vivre cette séparation ? Quels sont les dommages et les incertitudes qui s'immiscent dans la tête de nos enfants à ce moment-là ? N'y a-t-il pas d'autres moyens d'envisager une rentrée scolaire en première année de maternelle ? On a toujours entendu que si les parents restent, l'enfant ne s'en détache plus... Mais a-t-on réellement essayé, quelque part dans une école, d'autoriser les parents à accompagner leurs enfants, une heure, deux heures, voire une demi-journée, pendant une semaine ou un mois ? Le problème d'un tel accompagnement, c'est qu'il nécessite la totale disponibilité d'un parent. Autrement dit, un parent qui ne travaille pas. Et honnêtement, si j'étais un parent qui ne travaille pas, j'aurais gardé mon fils et on se serait rangés du côté des familles IEF (qui gèrent l'Instruction En Famille).

Et oui.
Même que j'aurais eu plein d'idées pour continuer sur notre lancée (car on n'a pas que regardé les mouches voler, pendant 3 ans !).
Comme de laisser dormir mon enfant le matin, plutôt que de le réveiller artificiellement à 7h15 pour le faire pleurer dès 8h30...
Comme de lui proposer une collation matinale, faite de fruits par exemple, plutôt que de le laisser attendre le déjeuner sous couvert de plan national de prévention de l'obésité...
Comme de respecter son rythme d'activité, et de le laisser sortir s'aérer au moment où il en manifestait l'envie, plutôt que de lui imposer un rythme dicté par une sonnerie et des instructions officielles...
On aurait pu continuer sur notre lancée montessorienne.
On aurait pu faire plein d'activités artistiques.
On aurait même pu faire des activités "sportives" (de motricité) !
J'avais toutes mes idées sous le coude...

Voilà. Il est 11h. Dans une demi-heure, je retrouverai mon tout-petit, et j'espère de tout cœur lire un sourire sur ses lèvres. Sinon, la pilule sera encore plus dure à avaler... Je ne sais pas comment se passe cette rentrée pour vous, mais pour moi, c'est difficile !