lundi 10 septembre 2012

Considérations sur l'école (plaidoyer pour l'IEF ??)

Qu'elles sont longues, les heures qui passent où je continue d'entendre en écho dans ma tête les pleurs de mon enfant déposé dans sa classe...

Maternelle, petite section. Première plongée dans l'école. Socialisation de masse. Découverte de la (grande) collectivité. A l'image d'un rituel de passage moyenâgeux, l'entrée à l'école semble devoir être synonyme de souffrance et de stress. Traverse cette douleur, et tu seras un homme, mon fils.

Bref, vous l'aurez compris, la séparation est difficile.
Pour lui.
Pour moi.

Et moi, je ne suis pas persuadée que ce "passage obligé" en soit réellement un.

Mon fils, comme, je pense, tous les enfants de son âge, est un petit garçon plein de vie qui se passionne pour des milliers de choses. Il aime compter, regarder des livres, peindre, faire des activités manuelles, se promener, bouger, faire du toboggan, qu'on lui raconte des histoires, faire des choses par lui-même, être libre de ses mouvements... Mais il aime par dessus tout se sentir en sécurité, et jusque là, la sécurité, elle est incarnée par ses parents. Du jour au lendemain, on la remet à une tierce personne, totalement inconnue, dans un environnement étranger... Est-ce que quelqu'un s'est déjà posé la question du stress énorme, de l'angoisse profonde que cela pouvait générer chez un enfant ?? Moi, oui, malheureusement. Car si je ne posais pas cette question, je dormirais tranquillement la nuit et je quitterais la classe de mon fils sans sourciller...

Bien entendu, certains enfants auront déjà connu cette séparation en amont (lors de l'entrée en crèche par exemple) et le passage à l'école en sera rendu plus ou moins facilité. Mais considérant la proportion d'enfants en détresse dans la classe d'Elliott le matin, je ne suis pas convaincue que la méthode soit efficace (n'allez pas me faire croire qu'ils sont tous soient restés "dans les jupes de leurs mères" pendant trois ans...).

Alors, je m'interroge : est-ce que 3 ans, c'est vraiment "le bon âge" pour vivre cette séparation ? Quels sont les dommages et les incertitudes qui s'immiscent dans la tête de nos enfants à ce moment-là ? N'y a-t-il pas d'autres moyens d'envisager une rentrée scolaire en première année de maternelle ? On a toujours entendu que si les parents restent, l'enfant ne s'en détache plus... Mais a-t-on réellement essayé, quelque part dans une école, d'autoriser les parents à accompagner leurs enfants, une heure, deux heures, voire une demi-journée, pendant une semaine ou un mois ? Le problème d'un tel accompagnement, c'est qu'il nécessite la totale disponibilité d'un parent. Autrement dit, un parent qui ne travaille pas. Et honnêtement, si j'étais un parent qui ne travaille pas, j'aurais gardé mon fils et on se serait rangés du côté des familles IEF (qui gèrent l'Instruction En Famille).

Et oui.
Même que j'aurais eu plein d'idées pour continuer sur notre lancée (car on n'a pas que regardé les mouches voler, pendant 3 ans !).
Comme de laisser dormir mon enfant le matin, plutôt que de le réveiller artificiellement à 7h15 pour le faire pleurer dès 8h30...
Comme de lui proposer une collation matinale, faite de fruits par exemple, plutôt que de le laisser attendre le déjeuner sous couvert de plan national de prévention de l'obésité...
Comme de respecter son rythme d'activité, et de le laisser sortir s'aérer au moment où il en manifestait l'envie, plutôt que de lui imposer un rythme dicté par une sonnerie et des instructions officielles...
On aurait pu continuer sur notre lancée montessorienne.
On aurait pu faire plein d'activités artistiques.
On aurait même pu faire des activités "sportives" (de motricité) !
J'avais toutes mes idées sous le coude...

Voilà. Il est 11h. Dans une demi-heure, je retrouverai mon tout-petit, et j'espère de tout cœur lire un sourire sur ses lèvres. Sinon, la pilule sera encore plus dure à avaler... Je ne sais pas comment se passe cette rentrée pour vous, mais pour moi, c'est difficile !

mardi 19 juin 2012

Nouveaux jeux

Dans la série des dernières acquisitions, on trouve : 
• 3 petits puzzles en bois de marque Goki
• une planche de motricité pour travailler la pince à trois doigts et les mouvements de l'écriture.
Le tout en provenance directe de la jolie boutique Coccinelle, où l'on trouve plein de jeux/jouets en bois d'inspiration Montessori.


Évidemment, Elliott était SUPER content ! Il est vrai qu'il n'est pas du genre difficile, et qu'il s'intéresse toujours à ce que je lui propose...

Deux des puzzles sont vraiment faciles pour son âge, du coup, une fois qu'il a vu qu'il savait les faire, il les a refaits... hors de leur cadre. J'ai trouvé marrant que l'idée lui vienne spontanément (je ne la lui ai pas soufflée !). Pour l'avion, il a plus de mal à le remonter hors de son cadre, et demande de l'aide pour ça...




Et toujours, toujours, cette belle concentration que l'on lit sur son visage chaque fois qu'il "travaille" (c'est son mot).

Pour la planche de motricité, je dois avouer avoir été déçue en ouvrant la boîte, car les chemins n'étaient pas les mêmes que ceux que j'avais vus sur la photo du site, et qui correspondaient plus aux premiers tracés qu'on demande en maternelle (vaguelettes, créneaux, spirales, lignes). Mais bon. La planche reste très belle, et les boutons de préhension permettent de continuer de travailler en douceur la pince à trois doigts (un travail ô combien utile puisqu'Elliott sait désormais tenir son crayon "comme un grand" - là encore, ce sont ses mots !). Sauf que, si vous regardez bien la photo, vous verrez qu'il travaille sa pince de la main gauche (or tout porte à croire qu'il sera droitier...) !!




mercredi 13 juin 2012

Mercred'art...

 ... ou l'atelier peinture pas rasant du tout (et qui n'a pas laissé de marbre les grandes sœurs...).



Voici une idée que j'ai trouvée sur Internet (voir sur le blog Having Fun at Home), de réalisation très simple, pour un rendu vraiment joli, même si l'on ne suit pas les instructions au pied de la lettre. Du coup, ça la rend réalisable à tout âge, et la manipulation des matériaux ravit petits et grands...
L'idée, assez inattendue par ailleurs, est de réaliser un papier marbré à l'aide de... mousse à raser ! (et de peinture, évidemment)

Comment s'organiser ?

J'avais lu qu'il était recommandé de faire cette activité en extérieur. Mais avec un peu d'organisation, ça peut très bien se faire en intérieur aussi. Il suffit de prévoir le matériel adéquat, notamment :

- une bombe de mousse à raser
- 2 grands plateaux de cuisine
- une bassine
- des chiffons pour s'essuyer les mains de temps en temps
- une raclette à vitres (sur le site où j'ai piqué l'idée, l'essuyage se fait avec du papier absorbant ; j'ai trouvé plus pratique et écologique d'utiliser la raclette)
- du papier
- des peintures
- un objet pour mélanger (bâton quand on en a un sous la main !)


Comment procéder ?

Rien de plus simple !

1. Dans un plateau, étaler de la mousse à raser.

2.Verser quelques gouttes de peinture (nous avons fait 3 à 4 couleurs différentes à la fois).

3. Avec un bâton, mélanger les couleurs (mieux vaut veiller à ne pas faire un magma de couleurs uniforme, sans quoi on perd l'effet marbrures... ceci dit, certains résultats restent assez jolis malgré tout).

4. Déposer une feuille dans ce mélange. Appuyer un peu pour être sûr que la feuille soit couverte de mousse.

5. Décoller délicatement la feuille, la déposer dans le second plateau et passer la raclette dessus pour enlever l'excédent de mousse.

6. S'émerveiller, parce que le résultat est surprenant !

7. Faire sécher.

8. Quand la feuille est bien sèche, la mettre quelques heures sous une pile de livres afin d'aplatir le papier qui a tendance à onduler.

9. Pour réaliser de jolies cartes, encoller sur un papier un peu plus épais si vous avez utilisé des feuilles normales.

C'est très simple, rapide et le rendu est toujours réussi. Nul besoin d'être fort en dessin ou d'une grande précision dans ses gestes (un tout-petit peu vraiment y trouver son compte, à condition évidemment qu'il ne porte pas la mousse à sa bouche !) pour être fier de son résultat. Et détail rigolo, le papier est parfumé en même temps !

Pour information : nous avons rempli le plateau de mousse à raser 3 fois (quand on aime, on ne se lasse pas !) et avons réalisé 7 feuilles A4.

Le résultat en image :


jeudi 7 juin 2012

Tri sélectif

Décidément, la météo influe sur la motivation d'Elliott et son envie de faire des "activités" - la pluie a au moins ça de positif (en plus d'arroser mon potager) !

Elliott jouait avec une boîte de perles multiformes et multicolores qui traînait trônait sur mon bureau quand je lui ai proposé de les trier par couleur.


En soi, ça ne lui a posé aucun problème... il est resté concentré de longues minutes, et a juste demandé un coup de main vers la fin, car je crois qu'il se lassait un peu. Dommage, c'étaient justement les mini-perles qui restaient, celles qui font bien travailler la motricité fine ! Du coup, on a choisi à tour de rôle une couleur et hop, c'était reparti pour un tour !


Et à la fin de tout, Elliott m'a demandé "peuteulè maman, jus d'orange rouge pa'que beaucoup travaillé". J'ai adoré le lien de causalité !! :-)

lundi 4 juin 2012

Sens dessus-dessous...

A l'époque où je voulais proposer des ateliers d'éveil sensoriel, j'avais pensé leur donner ce nom ("sens dessus-dessous")... Mais aujourd'hui, c'est à mon salon que je pense, et à ce qu'en fait Elliott (fortement encouragé par ses sœurs...).
Voilà que depuis quelques jours, il y a comme un vent de folie qui souffle sur ma jeune progéniture. Un vent, que dis-je !... une tempête, une tornade ! Elliott a la désagréable manie de tout jeter par terre : activités, dessins, crayons... tout y passe. Même les piles de linge fraîchement repassées ! grrrr...
Et chez vous, ça arrive aussi ???



Et chez vous, ça arrive aussi ??

jeudi 31 mai 2012

Les étiquettes de mots

Du plus loin que je m'en souvienne, j'ai toujours été contre l'apprentissage de la lecture via la méthode globale. Je me souviens même avoir suivi d'un œil suspect (et quelque peu inquiet) le travail fait par mes filles en maternelle autour des mots. Lorsque mon aînée est entrée au CP et qu'on m'a annoncé une méthode "mixte" - mêlant lecture globale et syllabique, je me suis définitivement crispée... Mais comme, quelques mois plus tard, elle lisait vite, bien et beaucoup, j'ai cessé de m'inquiéter. Et puis, et puis... j'ai fait des découvertes.

Elliott n'avait pas 2 ans qu'il s'intéressait déjà beaucoup aux mots : ceux qu'il voyait écrits dans ses livres ou dans les cahiers de ses sœurs, ceux qu'il voyait à l'extérieur, ceux que l'on écrivait ici ou là... Souvent, il me montrait un mot et me demandait de le lire. Ou inversement, il me disait un mot et me demandait de l'écrire. C'est comme ça que, pour nourrir son intérêt, je lui ai fait ses premières étiquettes avec "papa", "maman", son prénom et celui de ses sœurs. A ma grande surprise, ses étiquettes l'ont passionné et il a été capable de reconnaître, assez rapidement, les noms de chacun. C'est bientôt devenu un jeu, il me demandait d'écrire toutes sortes de mots qui lui passaient par la tête, et réclamait ses étiquettes dès qu'il me voyait à mon bureau, comme s'il avait une soif intarissable de mots.


 Un peu décontenancée par tout ça - mais très au point sur le contenu des étagères de ma librairie virtuelle préférée - je me suis procuré le livre de Françoise Boulanger intitulé "Lire à 3 ans, c'est tout naturel". Non que j'avais l'intention de pousser mon fils et d'en faire un singe savant, mais j'avais envie de comprendre les mécanismes de cet apprentissage, et de savoir comment l'accompagner au mieux.
D'autant que j'avais l'expérience (récente) de ma fille cadette : en moyenne section de maternelle, elle voulait lire, elle n'aspirait qu'à ça mais ce n'était pas le moment. Que ce soit l'école ou même moi, nous n'avions qu'une seule réponse : "vivement le CP !" L'année suivante, son intérêt s'est étiolé petit à petit, au point que la maîtresse m'a convoquée en fin d'année scolaire pour me dire que son niveau stagnait (alors qu'elle avançait bien plus vite que le reste de la classe en début d'année, elle avait progressivement été rattrapée... puis dépassée). Et finalement, l'apprentissage de la lecture en CP a  été beaucoup plus laborieux que je l'avais imaginé. Sans doute sa période sensible était-elle passée... J'ai compris de moi-même et à mes frais un des piliers de la pédagogie Montessori : observation de l'enfant et respect de ses rythmes d'apprentissage.

Quelle ne fut pas ma surprise, donc, de découvrir dans l'ouvrage de Françoise Boulanger, un argumentaire somme toute cohérent en faveur d'une approche globale de la lecture - en première instance. L'idée (que je simplifie ici à l'extrême) est donc de proposer à l'enfant des mots écrits sur une étiquette, qu'il mémorisera grâce à des moyens visuels qui lui sont propres (longueur d'un jambage, point sur les i, longueur du mot, ...), et qui, à force de les manipuler (les assembler, regrouper par sons, faire rimer, etc.), déduira des correspondances graphie/phonie. J'ai été bluffée quand j'ai vu Elliott se tromper entre "vache" et "voiture" : il avait nettement identifié la lettre "v" et les deux mots de son lot d'étiquettes qui commençaient par le son "vvv", même s'il n'avait su mémoriser parfaitement les deux mots en question.


Bien entendu, il n'est pas question de donner à l'enfant des étiquettes jusqu'à ses 20 ans pour lui permettre de mémoriser des mots nouveaux tout au long de sa vie ! Les étiquettes que l'enfant manipule sont la base d'un apprentissage progressif des phonèmes, apprentissage sans cesse réinvesti par la manipulation des étiquettes. Bref, le livre de Françoise Boulanger est une mine d'informations et d'idées pour accompagner son enfant dans l'apprentissage de la lecture, sans jamais perdre de vue l'aspect ludique et la notion de plaisir d'apprendre.


Et sur le plan pratique ?
Mes premières étiquettes, je les ai écrites en majuscules d'imprimerie. Parce que c'est comme ça qu'ils font, en maternelle. Et puis, j'ai lu le livre de Françoise Boulanger... VOUS TROUVEZ CA FACILE, VOUS, D'IDENTIFIER LES MOTS LORSQU'ILS ONT TOUS LE MÊME FORMAT, CONTENU ENTRE DEUX LIGNES ? Moi, non ! Donc j'ai suivi sa recommandation d'opter pour des mots en minuscule (tout en conservant les majuscules aux noms propres). Ça n'a pas été très traumatisant pour Elliott, qui est familiarisé aux majuscules, minuscules d'imprimerie et à l'écriture cursive grâce à différents abécédaires. Par contre, je n'ai pas pris la police recommandée (Comic Sans MS, que je déteste...), mais une autre (Century Gothic). Je n'ai pas cherché à dimensionner mes étiquettes comme dans le livre, mais j'ai veillé à ce qu'elles soient facilement manipulables tout en étant écrites suffisamment gros pour être parfaitement lisibles (mais pour que "marmotte" rentre sur une seule ligne aussi...). Je les ai toutes imprimées et plastifiées, question de solidité... Enfin, tous les mots sont alignés à gauche, ce qui permet de mieux appréhender la longueur de chacun, entre autres.


A la question "est-ce qu'Elliott sait lire, maintenant ?", la réponse est non, évidemment. Après quelques mois d'utilisation intensive de ses étiquettes (une soixantaine, tout de même !), une période de vacances est venue changer le rythme de nos activités. On a perdu le rythme, j'ai cessé de lui proposer des activités avec ses étiquettes, et il s'en est désintéressé d'un coup. Malgré tout, il lui arrive encore de me demander de lui écrire des mots sur le petit tableau de la cuisine, ou de lui montrer montrer dans ses livres certains mots qu'il a entendus et qu'il souhaite "voir". Mais je me dis que tout ceci n'est pas perdu... et peut-être qu'un jour, il se montrera à nouveau réceptif, et nous pourrons reprendre nos étiquettes et nos activités.

samedi 26 mai 2012

Peinture à doigts

Autant quand le soleil est là, les enfants s'occupent sans que j'aie mon mot à dire, autant les jours de pluie, le temps semble bien long... D'ailleurs, le mauvais temps explique en partie le grand nombre d'activités proposées à Elliott ces dernières semaines. Et c'est ainsi que dimanche dernier, alors que la météo s'apparentait à celle d'un mauvais mois de novembre, j'ai proposé à Elliott de faire de la peinture... à doigts.


C'était amusant de voir la retenue d'Elliott, au début, à patouiller dans la peinture. Je lui ai montré, du coup, comment il pouvait procéder... et il s'essuyait le doigt après chaque trempage dans la peinture ! A la fin, quand j'ai senti qu'il ne savait plus trop quoi faire, je lui ai proposé "d'essuyer" la peinture restante avec la paume de ses mains, et de faire deux belles empreintes sur une feuille toute blanche.


Je ne saurais dire précisément ce que ça lui a fait, mais il a adoré. Est-ce le contact des mains dans la peinture, est-ce cette façon peu conventionnelle de peindre, est-ce le résultat obtenu... ? Une chose est certaine : il a adoré ! Dès le lendemain matin, à peine sorti du lit, il me demandait de faire de la peinture à doigts ! On a tout de même attendu qu'il ait pris son petit déjeuner, mais cette fois, je n'ai pas eu besoin de lui montrer comment procéder : il a directement plongé ses mains dedans !!


Voilà une activité pas structurée pour deux sous, mais qui participe sans aucun doute à l'éveil sensoriel des tout petits !!

mardi 22 mai 2012

Atelier découpage... pour maman

[AVERTISSEMENT : pour les puristes, ne cherchez pas de progression selon Montessori : vous n'en trouverez pas...]
 
Il y a les activités que l'on prépare consciencieusement le soir, que l'on propose le lendemain et qui ne rencontrent pas le moindre succès, et il y a... l'inattendu. Et l'inattendu, aujourd'hui, s'est porté sur les lettres, les mots.


J'aurai l'occasion d'y revenir, mais Elliott dispose de tout un lot d'étiquettes de mots, depuis de nombreux mois : d'abord son prénom et celui de ses soeurs, papa, maman, puis tout le reste de la famille, puis tous les mots avec lesquels il avait une quelconque affinité, enfin tous les mots qu'il demandait à voir écrits. Au total, une bonne soixantaine de mots, qu'il savait identifier pour la plupart. Est-ce par manque de rigueur de mon côté (nous ne faisions pas de jeu avec tous les jours), ou simplement parce que sa sensibilité a changé, bref, les mots sont tombés dans l'oubli.

Dans un tout autre ordre d'idée, pour occuper un week-end particulièrement pluvieux et froid (comment est-ce d'ailleurs possible en cette période de l'année ?!?), j'avais proposé à Elliott de faire de la peinture à doigts dimanche (là aussi, ce sera l'occasion d'un billet ultérieur). Bref, pour "signer" son œuvre, j'avais pensé lui imprimer les lettres de son prénom afin qu'il les colle sur la page. Et voilà comment sont sorties de mon imprimante des pages d'alphabet... Une fois découpées et posées en tas, mes petites lettres n'ont intéressé personne pendant deux jours. Et ce matin (c'est là que l'inattendu entre en scène), Elliott prend le tas de lettres, me dit "Elliott travailler ça", et étale les lettres sur sa table, trouve un "p" et me dit qu'il veut écrire "papa". Il pose son "p" sur le tapis, retourne à sa table et saisit un nouveau "p", qu'il vient poser sur le tapis, à bonne distance du premier. Là, il me demande ce qu'il lui manque : "papa", tu as mis le "ppp", il te faut le... "a". Et le voilà reparti en quête de "a". Or il revient avec un "q". Car mes lettres sont en script (police Century Gothic, comme toutes les étiquettes de mots qu'il a eu à manipuler jusque là) et la confusion est aisée.

Il m'est alors apparu comme une évidence l'intérêt d'utiliser des lettres cursives : les jambages, les arrondis (pour le "l" par exemple), les tailles, les formes propres à chacune limitent les confusions. En plus, avec le jeu des couleurs (voyelles/consonnes), on n'ira pas confondre un "n" et un "u" ou "y" avec un "h"... D'autant qu'Elliott est familiarisé avec les cursives, grâce, entre autres, à Balthazar et les lettres à toucher, ou L'extraordinaire abécédaire de Balthazar (un livre qui l'a passionné et qu'il a adoré bien avant l'âge de prescription habituelle des abécédaires !).

Me voilà donc lancée dans la grande aventure de l'alphabet mobile. Il s'agit de lettres cursives découpées et évidées que l'enfant manipule pour "écrire" ses premiers mots, et pour intégrer le mouvement et le graphisme qu'il devra reproduire lorsqu'il écrira à son tour... Les consonnes sont bleues et les voyelles rose.

Ma fabrication est TRÈS artisanale : n'ayant pas d'imprimante couleur, j'ai fait des tirages sur du papier bleu et rose ; il a donc fallu que j'imprime l'alphabet en symétrie, pour ne pas me retrouver avec des lettres grisées par l'encre (du coup, le verso de mes lettres est gris). Puis plastification et enfin : découpage ! Rien que pour lui préparer les 7 lettres de son prénom, ça m'a pris un moment !! Je pense que j'en ai encore pour quelques belles heures... mais ça vaut le coup ! Même si c'est de l'archi-artisanal archi-léger, je trouve que ça rend pas mal. Et comme prévu, il est beaucoup plus aisé d'identifier chaque lettre en cursive...

En revanche, ma fabrication présente un défaut de taille (si j'ose dire), c'est la finesse des lettres (une feuille de papier plastifiée, c'est léger), ce qui ne les rend pas facilement manipulables... Enfin, on verra à l'usage !


lundi 21 mai 2012

Le poinçonneur des Lilas

Toujours dans l'idée de faire travailler la "pince à trois doigts" à Elliott, je lui ai proposé de faire des p'tits trous, des p'tits trous, encore des p'tits trous... J'avais préparé deux feuilles, la première avec des gros points assez espacés, qu'il a vite abandonnée au profit de la suivante, aux points plus petits, mais qui n'a présenté aucune difficulté pour lui.


C'était la première fois que je lui proposais ce type d'activité, et ça lui a beaucoup plu. Il a d'ailleurs poursuivi son activité pendant que je préparais le repas, et est resté concentré un long moment. Si cela n'a, jusque là, pas révolutionné sa manière de saisir ses crayons, au moins a-t-il pris conscience de cette "pince" et quand il en a envie, il accepte que je l'aide à replacer son crayon correctement (jamais bien longtemps... sans doute parce qu'il trouve que sa façon de faire est plus efficace - pour le moment).


samedi 19 mai 2012

Sucré-Salé


L'idée de cette activité m'est venue alors que nous préparions un gratin dauphinois pour le dîner... Elliott, toujours très actif en cuisine à mes côtés, me demande ce qu'est la gousse d'ail coupée en quatre. Il la prend dans ses doigts, je lui suggère de la sentir, et il me demande s'il peut la goûter... Il pose alors très délicatement sa langue dessus, et la retire vite, en me disant "ça pique !". Il me demande alors d'y poser ma langue aussi et de confirmer son jugement... Effectivement, ça pique !
Il goûte ensuite le beurre, et l'estime doux, mais salé.
De là, je lui propose de faire une activité d'identification des goûts. Le temps de rassembler quelques ingrédients dans la cuisine, et hop, mon petit bonhomme est en place, tout disposé à goûter ce que j'ai préparé...
L'identification ne portera que sur le sucré et le salé, d'abord et avant tout parce que je n'ai rien d'acide sous la main, ensuite, parce que je ne sais pas comment va réagir Elliott.

Sur le plateau sucré, on trouve : du sucre glace, du sucre roux et du sirop d'agave ;
sur le plateau salé : du sel fin, du gros sel Himalaya et du fromage frais salé (type St Morêt).


Pour commencer, on regarde, observe et commente ce qu'il y a sur les plateaux. Elliott a des doutes sur deux produits (le sirop d'agave et le fromage frais).
Ensuite, je lui demande de fermer les yeux, et je lui fais goûter une première saveur. De lui-même, il me dit "sucre". On continue ainsi, en alternant sucré et salé. Il distingue sans difficulté les saveurs sucrées et salées, et joue parfaitement le jeu, en fermant les yeux à chaque fois (à ma grande surprise !).
A la fin, Elliott souhaite regoûter les yeux ouverts, et demande s'il peut finir le sucre glace ! :)

Le protocole n'est sans doute pas 100% montessorien, mais on est dans l'esprit et surtout, dans l'éveil sensoriel. L'activité a beaucoup plu à Elliott, et a laissé le temps au gratin dauphinois de finir de cuire ! Dans une prochaine étape, on ajoutera de l'acide, et pourquoi pas de l'amer...

mercredi 16 mai 2012

Pince-mi et pince-moi sont sur un bateau

Il y a quelque temps, je me suis aperçue qu'Elliott, qui aime imiter ses grandes soeurs, tenait ses crayons d'une manière très... cro-magnonesque. A vrai dire, je n'ai pris aucune "précaution" particulière : il a eu à sa portée les crayons de ses soeurs (trop fins pour ses petites mains), et je ne l'avais pas guidé dans sa prise en main de ses outils. Je sais que les maîtresses de maternelle se feront un devoir de corriger cette position, mais pour en avoir côtoyé certaines, je sais aussi que cela ne se fera pas forcément de la manière la plus douce, patiente et bienveillante qui puisse exister. J'ai donc décidé de prendre le problème à bras le corps, et en douceur. Une petite conversation avec Elsa (Ezlathi) - par commentaires interposés sur le Blog Bébé Montessori - plus tard, et nous voilà à faire travailler la pince à trois doigts.

J'ai d'abord proposé un bol avec 3 sortes de perles de formes différentes (des cubiques, des sphériques et des "accordéoniques") ; je n'étais pas emballée par ce choix, car mes perles étaient aussi de couleurs différentes, ce qui pouvait s'avérer troublant. Elliott ne s'y est pas fait prendre, et a bien vu qu'il s'agissait d'un travail sur les formes et non les couleurs (il l'a même expliqué à sa grande soeur de 9 ans qui n'avait pas pigé au premier coup d'oeil !). Le hic, c'est qu'il ne faisait pas d'effort particulier pour travailler "sa pince", et saisissait chaque perle à pleine main... Donc, objectif non atteint.

Je lui ai ensuite proposé des perles (toutes rondes, cette fois-ci), de 4 couleurs différentes. Je lui ai remontré comment faire, en exagérant bien le geste au moment de saisir la perle. Et bien là, ça a fonctionné. Avec concentration et soin, il s'est appliqué à saisir chaque perle comme je venais de le lui montrer, en opposant bien pouce et index (on a perdu le troisième doigt dans la bataille, mais ça commence déjà mieux !).
Petit compte rendu en images... (notez la présence des 2 souris, spectatrices indispensables à l'activité ce jour-là)

Étape 1 : je m'installe
Etape 2 : je saisis et je dépose




Étape 3 : je range !

Face au succès de cette activité, j'ai proposé un bol avec différentes pâtes alimentaires (des objets plus petits donc plus difficiles à saisir) : farfalles, coquillettes et torsades. Aucun succès. Il me les a rendues pour que je les remette dans la cuisine : les pâtes, ça se mange, ça ne se travaille pas, voyons, maman...

Par contre, les perles continuent de remporter tous les suffrages. On a corsé l'affaire avec une grosse pince à cornichons (rien trouvé de plus petit au supermarché !), mais comme elle est grosse, elle n'est pas très évidente à fermer, donc à nouveau, Elliott se sert de sa main entière, et ma pince tombe à l'eau... Mais le point positif, c'est qu'Elliott est absolument passionné par toutes ces activités, et très demandeur... donc j'ai bon espoir !


Et voilà un beau plateau, et trois souris qui inspectent le travail fini !